Tu m’as appelé hier
rendez-vous 19 h 48 au parc
là où notre enfance crasse encore le sable
passés des heures à flâner
mouches autour d’une viande avariée
tu viens peut-être me dire que je vais mieux
loin d’un reflet d’anxiété au cœur d’une cité vitreuse
sale d’acouphènes
19 h 00
Balançoires rouillées résistent au poids des âges
un couple de chat urine dans les haies
nos dessins embellissent la peau des manèges
qu’aucun détergeant n’a pu déformés
musique méditerranéenne te viole l’assurance
éclate le quartier d’une marre ensanglantée
le droit d’expression ronge le paradis des autres
19 h 17
Les sirènes retentissent, la loi commande le silence
la protestation est contagieuse
les voisins reprennent le flambeau de la cacophonie orageuse
et puis, c’est la fête, le délire vernal enrobé de bacchanales
miroir du samedi dernier
des huit dernier mois
19 h 23
Guerre au cœur du nulle part
je me demande quelle adresse recevra le prix de l’amande la plus salée
chaque voix hurle en sacré sauvage
tributaire de spatio-temporalités hétérogènes
mes oreilles violées s’écroulent d’indifférences
les arts cuisinent ce suicide collectif
au sein de cette radio sans poste j’attends ta venue
19 h 39
La vie se meure
l’ambiance assèche les frustrations
surdose de plaintes alite les sopranos et les ténors
avec qui je n’ai jamais échangé un mot
beaucoup n’auront pas le droit à un rappel
vagabondent hors scène en vitesse avant que la justice n’intervienne
Peut-être avais-tu raisons, se taire pour apprendre à écouter
tu pourras venir me rejoindre sur la balançoire
on jouera aux blagues sans mots
aux rires sans échos
la joie d’affronter la honte de toute une vie
loin des gens civilisés
19h 48
Tu n’es pas venu
malgré toute la patience, mes prières platoniques
la langue du monde siffle trop
je suis seul à te bercer dans un coin de mes espoirs
tu n’as jamais été une imposition
tu es une partition
dont il faut apprendre à composer
un entre chaque bruiteur
leur crescendo drogué au mensonge
qu’un d’entre eux aura le dernier mot.